Plans cochons

LAURA ANNAERT

14-09-2015

Vache vitrine

L’AVENUE COCHONNE

Laura Annaert Maman Chef

Ah ! Visiter Gand et y découvrir une bistronomie vivace, qui l’eut cru il y a trente ans !? J’appelle d’abord le Cochon de luxe. En flamand on me répond qu’ils sont fermés en août, et que non, bien qu’il y ait une joue de cochon à la carte à la rentrée, ils ne sont pas spécialisés dans le cochon. Le nom du restaurant désigne le client, le mangeur gourmand à penchant goulu, les cochons humains donc. Bon ! Je réserve dans cette même rue chez De vitrine, bistrot de Kobe Desramaults, chef de file du bon produit et chef du restaurant gastromique In de Wulf.

Lorsque j’arrive à la Brabantdam, une femme interpelle un voisin :  « Hé, il n’y a pas de travail aujourd’hui ! », puis retourne sur le pas de porte de son bordel. Mais oui ! Je suis au pays de Dodo la Saumure, dans une rue où le plus vieux métier du monde est visiblement pratiqué dans la bonne humeur. Ceci explique cela…

Cinquante mètres plus loin, De Vitrine, ancienne boucherie est restée dans son jus ; carreaux blancs aux murs, billot en bois et comptoir de marbre. Dans l’arrière salle, des banquettes en skaï sont surmmontés de patères et de miroirs. Un tableau pop, femmes à la Ingres mélangées aux packagings de soupe Devos & Lemmens, l’équivalent belge de la soupe Campbell, rappelle la vocation historique de la rue. En salle, le flamand Glen, en cuisine, Kyle Boland, le chef exécutif canadien et son équipe, tous très sympas, s’expriment en anglais, flamand et français.

Dans l’assiette, une cuisine faite de fleurs, légumes, moules, riz de veau, porc fermier, peau de poulet frite aux jus acidulés, utilise les techniques de la cuisson à basse température, de la fermentation et du cru aux découpes d’inspiration japonaise. Mon pays étant aux mains de pratiques industrielles agricoles depuis si longtemps, ce locavorisme de qualité me fait très plaisir. Dans le verre, des vins en biodynamie, aromatiques et bien charpentés, un choix de bières artisanales et des eaux de vie faites maison sont jubilatoires.

Tout comme en français, le mot « Lekker » (bon) désigne les plaisirs gourmands, ceux du sexe et une femme attirante. On a beau dire que la table n’est pas forcément l’anti chambre de la chambre, rien n’est moins sur avec cette relève gantoise.

De Vitrine http://www.indewulf.be/devitrine/
Cochon de luxe http://www.cochondeluxe.be/


Pourquoi je suis à l’amicale ?

Grande et mince, – maigre diront les mauvaises langues -, j’aime le gras depuis toute petite. De ce fait, j’incarne la fille mince hypocrite par excellence, et dois entendre : « Elle subsiste surement sur une feuille de laitue… », ou encore, « C’est une injustice totale ! ».
Issu d’une famille nombreuse belge, élevée d’un côté au goûteux pas cher comme les frites, les saucisses et le riz au lait en boîte, et par ailleurs au saugrenu comme la langue de bœuf, je clame haut et fort que j’aime le gras à ceux que ça énerve.
Mon palais s’est affiné au fil des voyages et mes papilles frétillent devant une côtelette de porc noir, des lichettes de pata negra et du lardo di collonata entortillé sur des gressins.
Pour conclure, comme le dit le proverbe anglais : « Don’t judge the book by its cover ! »

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